​Parce qu’elle représente une menace environnementale pour le milieu aquatique, mais aussi un danger économique pour la production organisée de coquilles St-Jacques, d’huîtres, de moules ou d’ormeaux, la crépidule, premier coquillage de France, de par son statut d’espèce envahissante, fait l’objet de toutes les attentions depuis deux décennies, devenant sous l’impulsion de Saint-Malo Agglomération et de la ville de Cancale le nouveau trésor de la Baie du Mont-Saint-Michel.

Le tonnage annuel de ses effectifs représenterait 250 000 t de coquilles, pour la seule Baie de Cancale ! Mais sa population serait bien plus importante, sachant qu’elle colonise déjà les fonds marins, du Bassin d’Arcachon au Mont-Saint- Michel. Un volume qui dépasserait largement le million de tonnes ! Malgré des tentatives d’éradication, la crépidule «joue l’incruste» et se reproduit à vitesse grand V, mettant en péril les autres coquillages, notamment les bivalves filtreurs. Pour pallier cette invasion, des solutions innovantes d’utilisation de ce mollusque indésirable sont évoquées et mises en oeuvre à titre expérimental, avec le soutien de la Communauté d’agglomération Rennes Métropole1, via Atalante Technopole, et de la Communauté d’agglomération Saint-Malo Agglomération2. Le défi lancé par les collectivités locales de ce bassin de vie étant de transformer un risque environnemental majeur en une ressource porteuse de valeur et d’emplois pour le territoire. Il ne s’agit pas là d’une simple gageure, puisque la crépidule, en dépit de ces aspects négatifs incontestés sur le plan écologique, comporte de véritables atouts économiques, sa chair faisant l’objet de travaux de transformation pour l’alimentation humaine et sa coquille offrant des perspectives de valorisation insoupçonnée, à travers la réalisation de matériaux de construction, comme des pavés drainants, le traitement des boues de station d’épuration ou encore la reminéralisation de l’eau et la fabrication d’amendement calcique.