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Rompre avec le handicap

Dans toutes nos sociétés, le handicap, congénital ou acquis, a toujours été vécu comme la plus grande tragédie susceptible d’advenir pour une personne ou une famille. Cette « tragédie irréparable » a provoqué et provoque encore des phénomènes d’isolement social ou des stratégies de dissimulation face à une société qui au nom d’un idéal de perfection toujours plus exigeant, supporte mal la présence visible de corps déformés ou d’esprits défaillants. Aujourd’hui encore, dans nombre de nos sociétés, on tend globalement à nier le handicap et une personne en situation de handicap ne peut prétendre à une vie digne étant bien souvent condamnée à suivre un chemin séparé. A vivre comme des êtres « atopos », sans réelle place dans le corps social…

Dans une logique de protection, d’assurance et d’assistance, héritière d’une tradition caritative (christianisme sociale) le champ du handicap s’est construit dans une constante tension entre une volonté d’accueil et des pratiques de relégation ainsi que dans « une confusion entre les figures de l’altérité et celle de l’altération ».

La prise de conscience, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, des dangers de la théorie de la dégénérescence, ayant légitimé l’éradication massive de ceux que l’on considérait comme inferieurs a constitué une rupture dans les débats scientifiques et suscité la critique des grandes institutions. Nous sommes passés d’une culture d’eugénisme et de ségrégation à une culture mue par un idéal de solidarité et d’égalité entre les citoyens. Le regard sur les personnes en situation de handicap, les services dédiés et les pratiques se sont profondément transformées. Un modèle social du handicap a pris le pas sur le modèle médical. Le principe de « normalisation » est venu rompre avec la culture de l’institution et ouvrir la société à tous par la proximité de l’administration avec les citoyens et la visibilité des possibilités offertes par la communauté. Enfin !

Avec ce numéro d’ID de décembre, nous consacrons notre dossier sur le handicap et tout particulièrement sur cette impérieuse nécessité de rendre la vie « accessible » à tous. Belle occasion de saluer comme Top manager du mois, l’initiative de Notre-Dame-de-Gravenchon, commune de Seine –Maritime avec son aire de jeux « inclusives » permettant aux enfants – valides et non valides – de jouer ensemble…

François Durand