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Le cheval, un agent polyvalent et multiservice

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Environnement / 20 janvier 2021 / ID Magazine #78

Le cheval, un agent polyvalent et multiservice

Le service hippomobile d’Hennebont a vu le jour d’une manière concrète avec l’arrivée, en 2018, de Circus de la Forge et Dispar de la Forge, deux frères Traits Bretons de 7 et 6 ans. L’objectif de ce projet soutenu par la Région Bretagne, le Réseau Faire à Cheval et la filière du cheval de Trait Breton, est de développer et de pérenniser les activités en lien avec le cheval.

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Le cheval, un agent polyvalent et multiservice

GÉNÈSE

Pour le maire André Hartereau et son équipe, la mise en place d’un service de chevaux territoriaux, « des chevaux qui se voient dans la ville », ne peut qu’être perçue favorablement par la population. « Nous avions depuis un moment cette idée du cheval territorial. La vente du Haras national en cœur de ville avec la reprise de sa gestion par un Syndicat mixte comprenant la Région Bretagne, le Département du Morbihan, Lorient Agglomération et la Commune d’Hennebont, a accéléré la mise en place de ce projet. Le cheval en ville fait le lien avec le passé, mais dans une démarche tournée vers l’avenir. » Engagée pour mettre en place ce service hippomobile, Morgane Gouez mène les chevaux et suit l’ensemble de l’activité.

TRANSVERSALITÉ ENTRE LES SERVICES

Si ce service de chevaux territoriaux, avec ses collectes de corbeilles cinq jours sur sept, est en apparence similaire à ceux rencontrés dans d’autres villes, la structure mise en place ici fonctionne d’une manière tout à fait originale et novatrice. Pour Claudine Corpart, adjointe en charge de ce volet traction animale, « notre volonté est de mettre en place un cheval multiservice à la disposition de tous ceux qui le souhaitent ». 

Pour Morgane Gouez, meneuse et formatrice, « l’idée maîtresse est de former dans tous les services intéressés, sur la base du volontariat, des grooms (assistants) qui pourront travailler avec les chevaux pour des besoins ponctuels dans leur service ». À l’image d’Émilie et de Yann qui travaillent respectivement pour la commune depuis 16 et 22 ans, la première au service « Jeunesse, Citoyenneté et Politique de la ville » et assurant l’animation de quartiers prioritaires, et le second aux services techniques. « Cette découverte du cheval et du travail avec l’animal est très motivante, commente Morgane Gouez. Je travaille beaucoup avec les jeunes et nous nous apercevons que le cheval est un excellent moyen de rassembler et un facilitateur en communication. »

LE CHEVAL ET LA SOCIÉTÉ HUMAINE

Dans cette organisation transversale de l’utilisation du cheval territorial, tous les services peuvent être concernés occasionnellement. « On découvre que beaucoup de choses sont envisageables, explique Morgane Gouez. Il y a le transport de personnes, enfants, personnes âgées, le transport d’équipements pour la mise en place d’évènements culturels, sportifs et autres, l’animation d’ateliers informatifs et ludiques, et beaucoup d’autres choses auxquelles nous n’avons pas encore pensé. La limite, c’est notre imagination. »

Au pied des remparts, Circus croise une équipe motorisée du service des espaces verts. Un passant profite de l’arrêt de l’attelage pour s’entretenir avec Morgane Gouez et donner quelques caresses sur le chanfrein de Circus, habitué à ces marques de sympathie qu’on lui prodigue régulièrement pendant ses tournées. Un peu plus tard, dans le parc Kerbihan, ce sont les enfants en promenade avec leurs parents qui font la fête à Circus et Dispar.

Pour André Hartereau « si on devait ne plus avoir Circus et Dispar dans les rues, ce serait vécu comme un manque ». Ces chevaux territoriaux transportent les enfants de la garderie à la médiathèque, travaillent dans le parc botanique, font du débardage… Cet été, ils ont emmené les touristes à la découverte du patrimoine local, une activité déjà proposée par un prestataire que la ville assure désormais en régie directe. 

Côté investissement, le maire ne s’en cache pas : le matériel, le salaire de l’agent et d’un palefrenier, tout cela représente un coût. « Mais si on met en face les coûts remplacés par la traction animale, la résonance sociale sur la ville et les animations créées, je ne dis pas qu’on est bénéficiaire mais l’écart est minime. Et pour un gain qui n’est pas évaluable, celui du sourire des gens lorsqu’ils croisent Dispar et Circus. »

UN CENTRE POUR FORMER LES CHEVAUX ET LES AGENTS

La collectivité a décidé de « multiplier les usages plutôt que les freiner. Avec la SFET et d’autres organismes, on crée des référentiels de compétences et de formation pour ces chevaux au service des services. On souhaite travailler à un projet à dimension nationale : ouvrir un centre de valorisation et de formation du cheval de ville. Nous sommes candidats pour porter ce projet au sein du Haras d’Hennebont pour à la fois former les agents et les chevaux ». Le programme de formation développé en lien avec le Centre National de la Fonction Publique Territoriale et les éleveurs serait adapté selon les besoins des collectivités. « L’expérience menée à Hennebont fait tache d’huile. Les élus qui sont en début de mandat, qui ont des projets de territoires, je leur dis : ne soyez pas frileux. Nous avions des convictions, maintenant nous avons des certitudes. »

Valérie Thévenot

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