TOP MANAGER : "JE TRAVAILLE LE COLLECTIF AVEC SOIN ET L'ORGANISATION AVEC SENS"

​DGS non normée, Sonnya Garcia questionne, expérimente et ose pour soutenir une dynamique positive au sein des services de la collectivité de Colombier-Saugnieu (département du Rhône). Une « leader » soucieuse d’ouvrir le dialogue avec chacun, entre tous, mais aussi avec les autres DGS à travers un espace numérique.

POURQUOI ET COMMENT AVEZ-VOUS REPENSÉ VOTRE FONCTION ET VOTRE QUOTIDIEN DE DGS ?

Quand j’ai postulé sur ce poste de DGS, à 24 ans, toute droite sortie de la fac de droit, je n’avais pas la moindre idée de ce qui m’attendait. C’est un poste exigeant et j’ai voulu coller aux attentes. Les 6 premières années, j’ai également appris qu’être DGS, c’est du management, de la gestion, de la stratégie. C’est ensuite que j’ai repensé mes fonctions parce que tout n’allait pas. L’innovation est pour moi une valeur forte qui demandait à s’exprimer. J’ai, à cette même période, eu besoin de devenir plus efficace parce que j’allais devenir maman. Je me suis donc formée à la gestion du temps, à la gestion des mails… Je suis rentrée dans une nouvelle dynamique dans laquelle je me suis mise à faire la chasse à chaque déperdition de temps. Cette efficacité me permet depuis d’avoir du temps pour remplir ma vie avec des choses qui me font plaisir.

QUELS SONT LES PROJETS QUE VOUS AVEZ MENÉS POUR PERMETTRE À CHACUN DE GAGNER EN EFFICACITÉ ET EN QUALITÉ DE TRAVAIL ?

J’expérimente d’abord pour moi avant de transmettre les pratiques et les démarches intéressantes. Je me suis d’abord formée à la méthode Trapec pour le rangement de dossiers. Je l’ai adopté à 100% et elle a changé ma vie. Une autre méthode, appelée GTD (Getting thing done), m’a aussi permis de gagner 1h de temps dans ma journée. J’ai mixé tout ça pour manager mon temps. J’ai ensuite initié mon assistante de direction et puis certains chefs de service qui le souhaitaient. Je me suis également rendu compte que le mail engendre une déperdition de temps et d’énergie. Cet outil, qui doit nous faciliter la vie, peut devenir un bourreau. Je me suis documenté et j’ai proposé que nous puissions, au sein de la collectivité, travaillerune charte du « bon usage du mail ». Cela a posé un cadre aidant, des règles.

VOUS AVEZ AUSSI ADOPTÉ LA MÉDITATION ?

Quand on est DG, on doit avoir en tête que notre état de stress et notre capacité à prendre du recul jouent énormément sur la qualité de vie au travail des agents. C’était donc pour moi, une responsabilité de garder la tête froide, de mettre en place des outils pour rester « zen ». J’ai donc adopté la méditation en effet. Elle me permet aussi de me centrer, de ne pas partir dans tous les sens. Cela m’apporte de la félicité, de la maîtrise. C’est modélisant.

COMMENT VOTRE MANAGEMENT FÉDÈRE-T-IL ?

Je ne suis donc pas un DG normé. J’ose aller au bout de ce en quoi je crois même si ce n’est pas commun. Je suis aussi quelqu’un de très empathique. En tant que manager, mon travail est de donner aux encadrants, aux agents de la collectivité des conditions pour s’épanouir. Nous sommes tous foncièrement différents et mon rôle est de permettre à chacun d’exprimer sa différence et être à sa place. J’ai besoin qu’il y ait une harmonie et pas de dysfonctionnement manifeste. S’il y en a, les solutions doivent être trouvées. Avec mon équipe de direction rapprochée, nous avons, notamment, créé un espace d’authenticité. Nous nous disons vraiment les choses. Cela amène de la compréhension. Je pense aussi être passée de manager à leader. Je travaille le collectif avec soin et l’organisation avec sens. Il a fallu du temps pour trouver un équilibre. Mais aujourd’hui, nous avons un collectif soudé, soutenant, ouvert et responsable. 

POUR AIDER LES DGS À SE LIBÉRER DU POIDS DE LEUR FONCTION, VOUS AVEZ CRÉÉ "LE KIOSK" ?

On est seul dans la fonction de DG. Il existe une entraide avec mes homologues, mais lorsqu’il s’agit de parler vrai, d’exposer sa vulnérabilité, il devient difficile d’échanger. J’ai donc eu envie de créer, en distanciel, un espace. S’y mélangent des personnes qui ne se connaissent pas, qui ne sont pas obligées de décliner leur identité. On y parle des difficultés, mais aussi d’innovation. Certains ont envie, mais n’osent pas parce que leur environnement ne semble pas propice. Nous nous donnons ainsi des idées ; nous nous coachons ; pour mettre en place des projets. Le Kiosk et ses participants forment un réceptacle bienveillant, à l’écoute pour que la personne puisse développer son idée dans sa collectivité. Actuellement, avec la crise sanitaire, nous manquons de temps, mais je propose une séance par mois.

Propos recueillis par Jérémy Paradis

Bio express
​2005 : « Obtention de mon Master II en Droit Public, Admission au concours d'attaché territorial et prise de fonction de DGS »
​2009 : « Je deviens maman - cela m'oblige à concrétiser tous mes apprentissages en organisation et efficacité personnelle »
​2012 : « Certification de coach professionnel pour muscler mes soft skills"