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L'entretien : "La ruralité, le poumon indispensable pour relancer le pays"

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L'entretien : "La ruralité, le poumon indispensable pour relancer le pays"

Cédric Szabo est le directeur de l’Association des maires ruraux de France (AMRF). Créée en 1971, l’AMRF fédère près de 10 000 maires des communes de moins de 3 500 habitants. Au quotidien, l’association s’engage – au niveau local et national – pour défendre et promouvoir les enjeux spécifiques de la ruralité. Elle participe aussi au débat public en formulant des propositions et en réalisant des interventions. Elle produit des manifestes et publie des rapports et des contributions lors des discussions parlementaires. Interview.

Qu’est-ce-que la ruralité aujourd’hui ?

Beaucoup de situations, de problématiques sont vectorisées par les communes rurales. Les pouvoirs publics, les institutions nationales s’adressent ainsi d’abord à elles pour catalyser, pour faciliter… Les enjeux d’avenir trouvent, par ailleurs, des solutions dans la façon dont communiquent, échangent et coopèrent les territoires ruraux. Et puis, il ne faut pas oublier que les communes rurales et de petites tailles innovent sur tous les points. En somme, la ruralité est en train de s’imposer comme le poumon indispensable pour relancer le pays. Il se réenchantera par l’action municipale. Sans nos collectivités, leurs maires, il n’y a pas de République au quotidien.

Comment renforcer le rôle de la ruralité ?

Il faut sortir de l’étonnement des idées, des actions menées par les communes rurales et aider réellement les maires à porter les projets. Des freins contraignent l’entreprise publique, il faut les lever. D’un autre côté, la ruralité doit exiger de l’Etat qu’il continue d’accompagner les innovations des territoires et qu’il ait un rôle de péréquation, de justice sociale, de justice territoriale. Les élus ruraux doivent aussi nouer des alliances avec d’autres types d’acteurs pour soutenir leur projet. Le problème est que ces acteurs-là ne sont pas encore totalement convaincus que le monde rural est un univers de croissance économique... 

Les communes sont-elles suffisamment accompagnées ou informées des dispositifs à leur disposition ?

Il y a des élus qui savent s’en servir et d’autres moins. Il existe, par exemple, des dispositifs opérationnels, qui participent au développement des territoires ruraux. Comme le soutien d’Action au logement à l’amélioration de l’habitat ou encore le recours à la Banque public d’investissement (BPI France) pour soutenir le développement économique… Nous intervenons auprès des prescripteurs de ces aides pour qu’elles répondent mieux aux attentes et aux besoins des communes rurales.

« La ruralité doit exiger de l’État qu'il continue d'accompagner les innovations des territoires. »

Comment les communes rurales se développent-elles ?

Elles continuent de gagner des habitants, plus vite que les villes. Il existe cependant de fortes disparités. Ces communes ont pour enjeu de trouver le juste équilibre entre les populations qui ont toujours habité leur territoire et celles qui s’installent avec des intentions nouvelles et des projets.

Et leur économie ? Y-a-t-il des marchés, des voies de croissance à emprunter ?

Il y a encore du travail. Prenons l’exemple de la téléphonie. Les acteurs continuent de s’installer là où leur taux de rentabilité est acquis. Il faut leur faire comprendre, comme à d’autres, que les communes rurales sont totalement dignes d’intérêt. Les TPE, les ETI, qui sont déjà présents dans nos territoires, peuvent en témoigner. Il faut donc convaincre les grands groupes, le monde de la recherche, les universités… de venir. 

Quels sont les thèmes, les domaines qui intéressent actuellement particulièrement les communes rurales ?

Le sujet majeur reste celui de la cohésion sociale. Il concerne aussi bien la mobilité, que l’accessibilité aux services, le déploiement d’Internet et de la fibre… L’État doit pouvoir donner des compétences, des moyens, des règles de fonctionnement qui simplifient la vie des élus. L’actualité qui les intéresse, c’est aussi la mise en œuvre de l’agenda rural. Nous y avons activement participé, à travers la rédaction de différents cahiers de doléances. Toute une série d’actions (numérique, santé, culture, éducation, commerces et services, emploi et activité économique, écologie, déplacement…) doivent permettre de dynamiser nos territoires et soutenir les initiatives locales.

Propos recueillis par Jérémy Paradis

« D’une manière générale, le monde économique doit changer de regard sur le monde rural. »









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