L'ENTRETIEN AVEC...Gilles Sergent, Président de Récréa
Sur le territoire de la Métropole du Grand Paris, le centre aquatique olympique (CAO) de Saint-Denis accueillera les épreuves olympiques de waterpolo, de plongeon et de natation artistique. Au-delà de l’événement sportif, une autre vie se dessine pour cet équipement. Un projet motivé par la Métropole et porté par un groupement d’entreprises dont fait partie Récréa. Gilles Sergent, président, revient sur ce projet pionnier.
LE 15 MAI 2020, LE CONSEIL DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS A ATTRIBUÉ LA CONCESSION DU CAO AU GROUPEMENT CONDUIT PAR BOUYGUES DONT VOUS FAITES PARTIE. COMMENT AVEZ-VOUS ACCUEILLI CETTE NOUVELLE ?
C’est un océan de bonheur, de « smile » même, qui accompagne cette victoire, surtout dans une période compliquée comme celle que nous traversons. Elle est d’autant plus belle car c’est un équipement qui ne peut être comparé à aucun autre et sur ce projet, nous étions totalement outsider. Je n’ai jamais connu une implication comme celle-ci sur un appel d’offres : deux ans de négociations, 70 réunions… C’était un long marathon. Pour répondre à cet appel d’offres, nous avons voulu nous immerger dans le territoire. Pour cela, nous avons mené des interviews des salariés, des habitants, comme l’aurait fait un sociologue pour répondre à un projet qui a deux enjeux. D’abord, ce CAO doit être adapté et livré avant la date de début des Jeux Olympiques, mais ça c’est l’évidence. Le deuxième enjeu, c’est l’héritage. Dans le département, plus de 50% des enfants qui entrent en sixième ne savent pas nager. Cet équipement devait répondre à cette problématique.
COMMENT ALLEZ-VOUS Y RÉPONDRE ?
Dans le cahier des charges, on nous invitait à proposer des activités supplémentaires pour l’après JO. Elles seront mises en place en juin 2025, après une phase de travaux qui débutera après les JO, en octobre 2024. On a décidé de créer une halle dédiée à l’apprentissage avec un bassin de 10 X 25 mètres, d’une profondeur d’1m30. La hauteur sous plafond sera à taille humaine ; elle sera beaucoup moins impressionnante que la halle olympique qui peut faire peur ! Dans ce bassin, l’enfant n’aura pas pied mais le fond sera proche. Une barre sera installée tout le long du bassin pour lui permettre de s’accrocher avant de nager. Autour du bassin, on installera une zone d’échauffement pour travailler la motricité dans les airs avant de se mettre à l’eau. Enfin, un espace sera réservé aux parents pour qu’ils puissent assister à la séance. Le trio éducateur, parents, enfant doit fonctionner. On a l’obligation d’encourager cela.
APRÈS LES JO, L’ÉQUIPEMENT ENTAMERA SA SECONDE VIE : LA PHASE HÉRITAGE. COMMENT L’IMAGINEZ-VOUS ?
C’est le seul équipement qui aura une vie sportive après les Jeux Olympiques. On espère accueillir les championnats d’Europe, de grands événements sportifs, des spectacles aquatiques. Ce projet a la particularité d’avoir des espaces complémentaires multi-activités : du foot à 5, du basket à 3, de l’escalade, du padel tennis et une offre de restauration. Cet équipement sera ouvert tous les jours, 100 heures par semaine. On le voit comme un lieu de vie qui s’inscrit également dans le quartier du Stade de France. La passerelle qui relie les deux équipements représente d’ailleurs une partie importante du budget. On participe à redynamiser le quartier, récréer des flux. 100 personnes travailleront sur le site, dont 60 salariés de chez Récréa. Nous nous sommes engagés à avoir 10 % de l’effectif issus de l’insertion. Cet équipement est un symbole : on montre aussi que l’on peut construire autrement.