L'ENTRETIEN AVEC... Gweltaz Le Coz, expert Smart city chez Matooma
Entre défis environnementaux, mobilité verte, transition énergétique et collecte de données sans atteindre les droits individuels, à quoi ressemble la Smart city de demain ? On tente d’y répondre avec Gweltaz Le Coz, expert Smart city chez Matooma, entreprise experte dans la fourniture de cartes SIM multi-opérateurs et de services M2M/IoT industriels.
Qu’est-ce que la Smart city évoque pour vous ?
La Smart city évoque avant tout la technologie. Comme son nom l’indique, on parle bien de ville intelligente. Et l’intelligence, c’est quoi ? C’est avoir besoin de comprendre les choses et d’apprendre. Cela nous permet de devenir plus autonome par rapport à nos actions. Pour la ville, c’est un peu le même principe. On va apprendre grâce aux capteurs, aux solutions numériques qui vont permettre de collecter des données. D’ailleurs, la collecte de données, c’est la base de la Smart city. Une fois ces données collectées, on les analyse pour au final en faire quelque chose d’utile pour la collectivité. Pour moi, la Smart city, c’est à la fois optimiser ses services urbains et améliorer le bien-être de ses usagers.
Quels sont pour vous les modèles de Smart city à suivre de près ?
Lyon arrive en 10e position des villes les plus smart d’Europe. Elle a mis des moyens (340 M€ investis par les partenaires publics-privés dans les projets SMARTCITY), développé beaucoup d’innovations autour de sujets comme l’énergie ou encore la mobilité. Rennes est aussi à la pointe notamment sur son réseau électrique et au niveau énergie. Des expérimentations sont menées, comme les éco-quartiers en construction. L’idée est de construire une ville qui n’existait pas jusqu’à présent, qui va être autonome et autosuffisante en énergie. Ce sont des modèles à suivre tout en prenant en compte l’investissement VS le résultat à la fin.
La Smart city a-t-elle besoin de gouvernance ?
De mon point de vue, il y a un besoin que la collectivité soit très impliquée et moteur dans la gestion du projet. Elle doit pouvoir le piloter de A à Z car elle va être confrontée à différents sujets, donc différents acteurs et diverses solutions. Et c’est tout cela qui rend la chose complexe. On aborde les nouvelles mobilités, la gestion des ressources naturelles dont l’éclairage. La santé, la sécurité sont des thèmes présents dans la Smart city. La base est de réussir à que tout cela ne soit pas en silo. L’enjeu est d’avoir une gestion centralisée au niveau de la ville de tous les domaines et de toutes les solutions déployées. Et ça, c’est un vrai challenge !
La Smart city peut-elle être la clé pour conduire la transition énergétique ?
45 % du coût énergétique pour une ville est lié à l’éclairage. Diminuer ce coût est un vrai enjeu. On a de plus en plus de solutions intelligentes qui vont s’adapter à l’environnement. Si on se rend compte qu’il n’y a pas de passages, on peut diminuer naturellement le lampadaire ou le « réveiller » lorsqu’il y a plus d’activité dans la rue. On peut aussi collecter des données au niveau de la qualité de l’air, des vibrations pour améliorer la gestion des accidents et alerter les secours. C’est la même chose pour la distribution d’eau, de gaz ou encore la gestion des déchets : c’est s’adapter aux besoins et aux habitudes de vie des usagers. La mobilité touche aussi l’environnement et la santé. Moins on aura de bouchons, de véhicules en circulation et moins on sera confronté à de la pollution. Par conséquent, la qualité de l’air en sera meilleure. Tout cela se confirmera sur la santé des usagers. Des ponts doivent être faits entre ces différentes thématiques pour une plus grande réussite.
La collecte de données est la base d’une Smart city. Mais comment protéger l’usager ?
À mon sens, la Smart city, ne doit pas « attaquer » les données personnelles de l’usager. Il a le droit de faire comme bon lui semble. Là, où il peut y avoir des problèmes, c’est l’utilisation de la vidéosurveillance. Cumuler vidéosurveillance et intelligence artificielle pour impliquer les personnes directement, c’est atteindre un point où doit se poser la question du droit individuel. Le grand challenge de la Smart city est de bien réussir à gérer les données. L'autre challenge est d'avoir besoin de la technologie pour connecter les objets et d’en faire des applications intelligentes au service de la ville intelligente. Pour cela, le dialogue avec l’usager est nécessaire. Il faut expliquer l’intérêt de faire remonter des données et en quoi cela va leur servir. À Copenhague, la collectivité analyse les eaux usées pour mieux comprendre l’état de santé des habitants. C’est un exemple qui parle et cela va être mieux accepté surtout si on est mesure de l’expliquer. Idem pour la mobilité verte, la qualité de l’air ou l’énergie. Les habitants sont en capacité d’entendre pourquoi nos données sont collectées. Ce serait dommage de ne pas utiliser la technologie pour optimiser le fonctionnement de nos villes. On a de grands enjeux environnementaux qui nous attendent. La technologie peut nous permettre d’y répondre.
Propos recueillis par Hélène Leclerc
A propos de Matooma
Matooma est spécialisée dans la fourniture de cartes SIM multi-opérateurs et de services M2M/IoT industriels. « Nous pouvons être sollicités par les collectivités à deux niveaux : soit en direct, pour nous consulter dans le cadre d’appels d’offre spécifiques autour de la Smart city et de besoins en connectivité IoT ; soit indirectement via nos clients entreprises qui vont intégrer nos cartes SIM M2M dans leurs solutions qui seront déployées ensuite au sein de la collectivité. Cela englobe des applications dans la sécurité, la santé, la mobilité ou l’énergie, ce qui me permet d’avoir une vision assez transverse des problématiques et solutions autour de la Smart city. »